Le journal le Monde indique dans un article publié en octobre 2017, qu’il manquerait à l’Europe 13 millions de ruche ! Car les populations d’abeilles se sont effondrées dès les années 1990. Les pesticides sont en cause bien entendu. Mais d’autres menaces planent sur les abeilles de nos terroirs. Et cette hécatombe à un impact sur les cultures et le secteur agricole sachant que 84% des cultures ont besoin d’insectes pollinisateurs pour maintenir leurs rendements.
Ainsi les abeilles sont des auxiliaires importants d’un point de vue écologique, mais aussi d’un aspect économique et sociétal. Les biologiste qualifient les abeilles d’espèces “clés de voûte”. Sans elles les écosystèmes peuvent s’effondrer. Et leur raréfaction doit nous alarmer.
Le rôle des abeilles ?
Les abeilles domestiques sont des insectes qui appartiennent à l’ordre des hyménoptères. Ces insectes sociaux sont dépendants du pollen et du nectar des fleurs pour nourrir leurs larves et couvrir les besoins énergétiques de la colonie.
Les abeilles ont évolué depuis des millions d’années avec les plantes de leur environnement. Ces dernières profitent des visites de ces premières pour féconder leurs fleurs et permettre ainsi le développement de leurs fruits et de leurs graines. Les abeilles peuvent visiter de nombreuses fleurs durant un seul voyage. Elles sont ainsi capable de polliniser de nombreuses plantes en peu de temps.
Les abeilles comme d’autres insectes pollinisateurs ont donc un rôle très important dans les écosystèmes qu’elles habitent. De même elles permettent la pollinisation de nombreuses plantes cultivées. Et de nombreux agriculteurs dépendent de ces insectes pour assurer une production abondante.
Les entomologistes estiment que pour produire un kilogramme de miel, les abeilles doivent visiter 6 millions de fleurs et parcourir 150000 kilomètres ! Soit presque quatre fois la circonférence de notre planète !
La biodiversité de l’abeille domestique
Les abeilles domestiques appartiennent à l’espèce Apis mellifera. On les rencontre naturellement en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. Peuplant des régions aux climats très variés – depuis les forêts de Scandinavie jusqu’au savane africaine – cette espèce c’est différenciée en de nombreuses sous-espèces et variantes géographiques.
En Europe les principales sous-espèces sont :
- L’abeille italienne (Apis mellifera ligustica) endémique d’Italie
- L’abeille carniolienne (Apis mellifera carnica), originaire de Slovénie et de la région des Balkans
- L’abeille caucasienne (Apis mellifera caucasica), peuplant une zone montagneuse à l’est de la Mer Noire
- L’abeille ibérique (Apis mellifera iberica), endémique d’Espagne et du Portugal
- Et l’abeille noire (Apis mellifera mellifera), que l’on rencontre sur une zone importante de l’ouest de l’Europe et notamment en France.
Il est possible de faire la distinction entre les sous-espèces sur des critères de coloration de l’insecte, sur les nervures de ses ailes et sur sa pilosité. Mais cela demande un regard exercé. Les entomologistes utilisent souvent le microscope pour lever les doutes. Et les analyses ADN viennent souvent en renfort, notamment lorsqu’il est question de s’assurer de la pureté d’une sous-espèce et de lever les doutes d’hybridation.
Les abeilles sélectionnées
Enfin, notons que les apiculteurs ont fait depuis plus d’un siècle un important travail de sélection. Bien entendu les intentions visent à sélectionner des souches résistantes aux différentes maladies, mais aussi qui produisent d’importantes quantités de miel.
La race la plus connue est l’abeille Buckfast. Elle doit son nom à une abbaye d’Angleterre où le célèbre frère Adam l’a créé. Cette abeille est le fruit de nombreux croisements entre des souches d’abeilles noires anglaises et des souches d’abeilles italiennes. Mais des apports d’autres abeilles méditerranéennes et africaines ont été réalisés.
L’abeille Buckfast de par son tempérament calme au cours des manipulations des ruches, mais aussi sa forte productivité en miel, est actuellement l’une des abeilles les plus courantes chez les apiculteurs. C’est aussi une race choisi par les apiculteurs amateurs qui souhaitent débuter avec des abeilles au tempérament doux.
L’abeille noire
L’abeille noire se rencontre dans toutes les régions de France. Vivant sous des climats et exploitant des flores très variées, l’abeille noire s’est différenciée en multiples variantes : abeille noire de Bretagne, abeille noire de Provence, abeille noire de Corse,…
Les différences entre variantes géographiques touchent principalement le comportement de l’insecte. Par exemple les abeilles noires de Bretagne sont parfaitement adaptées au climat océanique et peuvent même voler et butiner sous le crachin breton. Les abeilles noires des landes sont pour leur part adaptées aux miellées tardives sur les bruyères.
Mais toutes les abeilles noires se caractérisent par une forte capacité au butinage. Elles peuvent prospecter des fleurs se trouvant jusqu’à 4 kilomètres de leur ruche. Elles sont aussi bien adaptées aux hivers rigoureux.
L’abeille noire représente donc un patrimoine génétique qu’il faut préserver. En effet, cette diversité est l’assurance d’une meilleure réponse de l’espèce à des changements climatiques et environnementaux. Des conservatoires se sont ainsi constitués en France et à l’étranger afin de protéger ces abeilles en voie de disparition. Certains se sont même installés sur des îles afin de profiter le l’isolement. Pour en savoir plus sur les conservatoires de l’abeille noire en France consultez la page suivante : www.abeille-noire.org/liste-des-conservatoires.html
Quelles sont les menaces pour les abeilles ?
Malheureusement les abeilles sont en raréfaction. Certains spécialistes craignent même qu’elles ne disparaissent si rien n’est fait à temps. En voici les causes principales.
Les pesticides
Les produits phytosanitaires utilisés pour protéger les grandes cultures sont l’une des causes principales de la perte annuelle de milliers de colonies. Les insecticides les plus toxiques sont les néonicotinoïdes. Ils sont utilisés massivement en agriculture intensive. Leur action dite systémique fait que ces substances toxiques restent longtemps dans la plante traitée. Ce qui assure au végétal une protection prolongée contre les ravageurs.
Mais ces produits passent ensuite dans le pollen et le nectar. Les abeilles visitent les fleurs des plantes traitées puis intoxiquent l’ensemble de leur colonie.
L’appauvrissement floristique
Les abeilles sont dépendantes de la flore qui les entourent. La richesse floristique est donc primordiale. Mais beaucoup de régions ont été profondément modifiées par les aménagements agricoles. Les monocultures céréalières sont par exemple hostiles pour les pollinisateurs qui n’y trouvent que peu de fleurs à butiner.
L’urbanisation a aussi des conséquences bien que l’on affirme souvent que les jardins des banlieues soient riches en végétaux variés. N’oublions pas que les abeilles doivent trouver leur nourriture dans un rayon de 3 kilomètres autour de leur nid. Et qu’elles exploitent surtout une aire située dans un rayon d’un kilomètre.
Un défaut de gîtes pour les colonies
Les abeilles ont besoin d’une cavité dans le tronc d’un arbre pour y faire leur nid. Mais les arbres qui présentent ce type d’abri sont de plus en plus rares. Ils sont souvent abattus pour l’exploitation de leur bois ou pour des raisons de sécurité. C’est le cas par exemple des arbres qui bordent les routes.
Les abeilles peuvent aussi profiter des abris offerts par les bâtiments, mais lorsqu’elles y s’y installent, elles ne sont pas toujours les bienvenues.
L’arrivée de parasites et de prédateurs
Les abeilles doivent aussi faire face à des prédateurs introduits d’autres régions du monde. Si elles se sont adaptées aux prédateurs et aux parasites autochtones, elles se trouvent désarmées face à ceux qui leur sont inconnus. Elles n’ont en effet aucun mécanisme mis en place pour s’en protéger.
Le varroa (Varroa destructor) fait partie des parasites qui posent le plus de problèmes aux abeilles et aux apiculteurs. Cet acarien se nourrit du sang de l’abeille jusqu’à la mort de l’insecte. Lorsque d’importante infestation se produisent ces acariens peuvent détruire des colonies entières. Il existe des traitements, mais ils ne sont pas sans danger pour les abeilles et doivent être réalisés avec prudence.
Le frelon asiatique (Vespa velutina) est un prédateur qui fait beaucoup parler de lui. Il est originaire du sud-est asiatique et est un grand consommateur d’abeilles. Il chasse celles-ci à leur sortie de la ruche. Il peut aussi dépeupler rapidement les ruches qu’il a repéré. Le frelon est aussi un insecte dangereux pour l’homme et des professionnels sont spécialisés dans la destruction de leur nid. Si vous trouvez un nid de frelon asiatique, n’intervenez pas ! Appelez une entreprise spécialisée. Voici une liste d’entreprises spécialisées dans la destruction des nids de frelons asiatiques proche de chez vous.
Les abeilles sont aussi menacées par des micro-organismes particulièrement dangereux. L’un d’eux est une bactérie qui infecte les larves des abeilles. Cette maladie de la ruche est nommé loque américaine.
Si les apiculteurs emploient des techniques et des traitements sanitaires pour protéger leurs colonies, les abeilles sauvages sont beaucoup plus vulnérables face à ses ravageurs.
Le métissage avec d’autres sous-espèces et races
Nous avons vu que les abeilles domestiques se déclinent sous de nombreuses sous-espèces, variantes géographiques. Ces abeilles sont toutes inféodées à une région particulière. Elles ont développé des stratégies particulières pour y survivre et s’y développer.
L’introduction d’abeilles exotiques à une zone va conduire à une pollution génétique. Les abeilles se métissent et leurs descendantes auront des comportements différents. Ces nouveaux caractères peuvent être intéressants pour certaines apiculteurs, mais peuvent modifier la capacité des abeilles à vivre à l’état sauvage.
Actuellement peu de régions ont échappées à l’introduction d’abeilles étrangères. Pour vous en rendre compte observez les abeilles qui butinent sur une arbuste en fleur. Sont-elles toutes identiques ? Non et vous remarquerez des différences de coloration.
Comment contribuer à la sauvegarde de l’abeille noire ?
Consommer local
Les apiculteurs jouent un rôle très important puisqu’ils assurent la surveillance de très nombreuses colonies. En achetant des miels produits localement on contribue à la conservation des abeilles. Il faudra donc prendre l’habitude de contrôler la provenance des produits achetés. Surtout quand ils sont proposés par les grandes surfaces.
Aménager son jardin et arrêter d’utiliser des insecticides systémiques
La France est un pays qui compte plus de 17 millions de jardiniers amateurs. Ces passionnés contribuent en plantant leur jardin, le rebord de leurs fenêtres ou leur balcon, à apporter aux insectes pollinisateurs une alimentation diversifier.
Planter des arbres et des arbustes c’est bien, mais il convient aussi de changer ses pratiques en limitant l’usage des insecticides au jardin. Même les produits biologiques doivent être utilisés avec précaution. Et dans tous les cas il faut s’abstenir de pulvériser des plantes en floraison et d’utiliser des produits phytosanitaires systémiques.
Créer un petit rucher
Les plus enthousiastes peuvent être tentés d’accueillir une ou plusieurs ruches dans leur jardin. Le “rucher” ainsi constitué peut contribuer directement à la sauvegarde des abeilles.
Toutefois, il faut s’assurer du respect de la législation en vigueur. Une distance minimale doit être tenue entre les ruches et les propriétés voisines et autres lieux de passage. Cette distance est variable en fonction des départements ou des communes. Renseignez-vous auprès de votre mairie.
Comment s’éduquer à l’apidologie et se former à l’apiculture ?
Bien entendu, la conduite d’un rucher demande des compétences minimales. Les abeilles sont des êtres sensibles et l’apiculteur doit contrôler régulièrement leur état de santé. Si vous souhaitez devenir apiculteur amateur vous devez vous former. Et la lecture de simples livres ou articles de blog est insuffisante.
Se rapprocher d’une association d’apiculteurs et se former dans un rucher école
La pratique de l’apiculture ne s’improvise pas. L’ouverture d’une ruche peut aussi être un moment sensible et n’est pas toujours sans danger. Il ne faut pas oublier que les abeilles sont pourvues d’un dard ! Une mauvaise manipulation peut provoquer une réaction défensive de la colonie.
Une formation de quelques jours dans un rucher école permet d’apprendre l’emploi des outils de l’apiculteur comme l’enfumoir. Mais aussi les gestes pour manipuler correctement les rayons ou extraire du miel.
Cette formation est aussi l’occasion de rencontrer d’autres passionnés et de constituer une ébauche de réseau. Vous aurez sans doute besoin de garder contact avec d’autres apiculteurs pour profiter de leurs conseils. Ces ruchers écoles proposent aussi à leurs adhérents la possibilité d’acquérir des colonies d’abeilles.
Si vous souhaitez suivre une formation pratique à l’apiculture voici une page qui liste les principaux ruchers écoles en France https://apiculture.idlwt.com/formations-apiculture-en-france/. Vous trouverez sans doute un rucher école à proximité de chez vous.
Suivre un programme de visioconférences
Les ruchers écoles sont des lieux où vous apprendrez la conduite d’une ruche. Mais vous pouvez être tenté d’en savoir davantage sur la biologie et le comportement de ces insectes ainsi que sur le fonctionnement de la colonie.
Il est désormais possible de se former depuis internet et par visioconférences avec des experts en apiculture et en apidologie, la science des abeilles. La formation d’IDLWT permet de suivre à distance un enseignement de qualité et de bon niveau. Pour en savoir davantage suivez le lien https://apiculture.idlwt.com
Ensemble, protégeons les abeilles.
3 commentaires sur “Les abeilles sont en danger et ont besoin de vous”